Le Sénégal a franchi une nouvelle étape dans la mise en œuvre de son Partenariat pour une Transition Énergétique Juste (JETP), signé en juin 2023 avec le Groupe des partenaires internationaux (IPG). Un atelier inclusif, tenu à Dakar, a réuni les autorités du Ministère du Pétrole, du gaz et des mines, des représentants de l’État dont la Directrice de la transition énergétique, les partenaires techniques et financiers ainsi que plusieurs acteurs de la société civile pour débattre des ambitions nationales, des défis de gouvernance et du financement des 2,5 milliards d’euros prévus pour soutenir la transition au Sénégal.
La société civile plaide pour plus de représentation
En ouverture, la Dr Fatima Diallo, coordonnatrice de la Plateforme des Acteurs de la Société Civile pour une Transition Énergétique Juste (PACTEJ), a insisté sur l’urgence de bâtir une transition centrée sur les communautés. « La transition énergétique ne peut se concevoir qu’avec les communautés et une prise en compte effective des réalités locales et des vulnérabilités différenciées », a-t-elle affirmé. Elle a plaidé pour un élargissement de la représentation de la société civile dans le comité de pilotage du JETP, une meilleure implication des collectivités territoriales et la création d’un espace de dialogue permanent.
Inclusion et équité au cœur du processus
Les partenaires techniques et financiers ont également souligné la nécessité d’une approche inclusive. Ludovica Marangoni, représentante de la coopération allemande (GIZ), a rappelé l’engagement de son institution : « L’un des objectifs majeurs du partenariat est de rendre la transition énergétique plus inclusive, notamment en donnant une place centrale aux femmes et aux jeunes. » Elle a assuré que les recommandations issues de l’atelier seraient intégrées à l’implémentation du JETP.
La transition comme moteur du développement
Pour le gouvernement, la transition énergétique va au-delà des enjeux environnementaux. Yaye Cathérine Diop Dieng, directrice de la Transition énergétique au ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, a déclaré : « La transition énergétique juste au Sénégal n’est pas seulement une question environnementale, c’est aussi une question de développement social et économique. » Elle a réaffirmé l’engagement de l’État à atteindre l’accès universel à l’énergie d’ici 2050 et annoncé l’organisation régulière de rencontres avec la société civile pour assurer transparence et suivi.
Des financements sous vigilance
Les discussions ont notamment porté sur la nature du financement du JETS, estimé à 2,5 milliards d’euros (1 635 milliards de francs CFA). Dans un contexte de crise aiguë de la dette publique révélée par un rapport d’audit de la Cour des comptes, Awa Traoré, consultante internationale, experte en communication climatique et stratégique, a alerté sur les risques liés à ce financement car, selon elle, le financement d’une transition énergétique juste qui augmentera l’assiette de la dette publique du Sénégal ne fera que ralentir la mise en œuvre des projets prévus par le JETP. À cela s’ajoutent généralement des conditions de crédit défavorables ou des exigences procédurales lourdes. Enfin, elle a souligné l’importance de renforcer le cadre juridique et institutionnel de l’écosystème des énergies renouvelables afin d’attirer et de promouvoir les investissements privés dans ce secteur.
Dans le même esprit, Elimane Kane, de Legs Africa, a appelé à la publication du plan d’investissement du JETP. Selon lui, la transparence est un gage de confiance citoyenne et une condition essentielle pour une gouvernance partagée du processus.
Un jalon dans le dialogue État–société civile
Cet atelier a marqué une étape clé dans le dialogue entre l’État et la société civile sur la transition énergétique. Tous les participants ont convenu de la nécessité de maintenir un cadre de concertation régulier afin de suivre les engagements pris et de garantir que les bénéfices de cette transformation énergétique profitent équitablement à toutes les populations.